Passionné par l’objet vélo, obsédé par le light et par la beauté, Bob Parlee construisait des cadres en composites dignes de la Formule Un. Faisant de chaque création une œuvre d’art se situant aux antipodes de la production de masse qui est désormais la règle.
Ses cadres arachnéens étaient destinés à des cyclistes particuliers en quête d’une arme de guerre absolue tenant tout à la fois de l’épée Excalibur et du missile hyper-sonique. Un mix post-moderne de technologie hi-tech et d’artisanat florentin. Avec Alex, nous avions découvert son incroyable travail lors d’un séjour à Lucca, bien loin de son Massacchusetts natal. Alors que nous quittions les ateliers de SRM, un ancien coureur professionnel canadien nous avait offert un collier de serrage pour dérailleur avant. Un inimaginable ruban de carbone de 3 grammes qui en disait long sur la maitrise des nouveaux matériaux composites par un certain…Bob Parlee. Quelques mois plus tard c’était enfin la prise en main d’un vélo signé Parlee. Un choc esthétique dont nous avions eu du mal à nous remettre.
En fait cet OVNI du cyclisme tenait plus de la machine spatiale que de la bicyclette traditionnelle. Repoussant aux confins du raisonnable les propriétés étonnantes et spectaculaires du carbone.
Avec son épouse Isabel, muse et conseillère, Bob venait de lancer sa marque. Nous étions en 1999 seulement. Mais le savoir-faire et le savoir rêver de Parlee remontait à une dizaine d’années auparavant. Alors que ce magicien découvrait et s’appropriait avec enthousiasme les nouveaux matériaux issus de l’aéronautique et de l’industrie spatiale. De chefs d’œuvres en chefs d’œuvres, le label Parlee devint le graal pour nombre de champions qui firent le choix de l’absolu (au besoin en maquillant le cadre comme autrefois les Moser ou les Ocana affublant leurs cadres De Rosa ou Sablière d’autocollants de leur pseudo constructeur) pour affronter les routes du Tour de France ou du Giro d’Italia.
Depuis 2023 Bob s’était retiré de la direction de sa marque qu’il avait cédé à John Harrison. Affaibli par la lutte contre le cancer qui vient de l’emporter, il ne conservait plus qu’un rôle de chef designer.
Grâce soit rendue à ce génie qui nous quitte à seulement soixante-dix ans.