Et l'EVO devient CFR !
Sorti à l’automne 2022, la cinquième génération de l’Ultimate adopte définitivement le freinage disque et bénéficie d’une version CFR, comme son frère Aeroad. Un CFR qui remplace l’ancien EVO au sommet de la gamme…
Auparavant EVO, maintenant CFR. Canyon a uniformisé sa gamme en adoptant la dénomination CFR sur l’Aeroad, puis successivement sur l’Ultimate. CFR est une gamme dans la gamme du constructeur allemand. Une gamme à part qui rassemble tout le savoir-faire acquis en compétition, pour proposer les machines les plus performantes et les plus légères possibles. Cela passe par l’adoption de fibre de carbone spécifique pour les cadres, mais aussi de composants dédiés extrêmement performants. Ce nouvel Ultimate CFR bénéficie notamment d’une tige de selle exceptionnelle de seulement 70 grammes. Je vous en parle un peu plus bas.
Un ressenti, mon ressenti
Quelle légèreté ! Même s’il a pris quelques centaines de grammes d’embonpoint avec le passage au freinage disque, l’Ultimate CFR est toujours sous la barre des 6,5 kg. Allègrement même ! Notre vélo d’essai ne pèse que 6,38 kg sans pédales, mais avec un capteur de puissance, un groupe électrique et un freinage disque. De quoi rester sous les 6,5 kg, même avec les pédales et porte-bidons.
On peut compter sur les doigts d’une main les machines de série si légères, il n’y en a pas beaucoup. Et encore moins qui évoluent dans le peloton pro ! Pour le reste, le sentiment est toujours d’avoir affaire à une machine frêle, presque fragile. Sentiment déroutant de légèreté et d’absence totale d’inertie. Rien de négatif, au contraire !
LA FINITION SELON CANYON
Pour ainsi dire, la finition de l’Ultimate est réduite au strict minimum… au premier coup d’œil. Pourtant, en y regardant de plus près et en s’attardant sur la machine, on constate que tout est dans le détail.
Pour gagner du poids, le cadre n’est pas peint. Une très fine couche de vernis protège le carbone qui est totalement apparent lorsqu’il est à la lumière. Cela donne l’impression d’avoir deux machines car on passe du noir total à un gris clair une fois au soleil. L’effet est magnifique et particulièrement qualitatif.
Au toucher le vélo est mat, donc soyeux et doux. Les marquages se démarquent nettement de l’ensemble.
TECHNIQUEMENT
Canyon a travaillé sur les quatre caractéristiques suivantes lors du développement de ce nouvel Ultimate : Un confort qui devait être amélioré, ce qui passe aussi par une augmentation de la capacité des pneumatiques (largeur plus importante), un coefficient de pénétration dans l’air amélioré, une intégration totale de la câblerie et un positionnement facilité du poste de pilotage. On peut ajouter à cette liste le souhait d’abaisser la masse totale, notamment en créant des composants spécifiques.
La marque annonce que cette nouvelle génération d’Ultimate permet d’économiser 10 watts par rapport au précédent modèle, à 45 km/h. Une donnée difficile à vérifier, mais le signe que la forme a bien été dessinée en soufflerie. Côté pratique, il faut évoluer avec son temps et avec les nouveaux types de pneumatiques. Ainsi, l’Ultimate CFR accepte les pneus jusqu’à 32mm. De quoi l’emmener sur quelques chemins. Qui aurait cru emmener sur des chemins un vélo ultra-léger il y a quelques années ?
Canyon ultimate cfr disc
- Ajoutez le son ici
shimano dura-ace di2
DT-Swiss mont chasseral
Schwalbe Pro One TT EVO 25mm
Canyon CP0018 Aerocockpit
SELLE ITALIA SLR C59
6,3 kg (sans pédales)
10 499€
DES COMPOSANTS ULTRA ABOUTIS
CP0018, SP0064, des noms de code qui permettent à l’Ultimate CFR de bénéficier de composants exceptionnels. Le cockpit CP0018 est désormais identique sur l’Aeroad et l’Ultimate. En trois parties, il se démonte et permet de modifier la largeur de cintre selon trois positions. Avec tout juste 400 grammes, il se montre aussi très léger. La tige de selle SP0064 bénéficie d’une nouvelle forme et sa masse est ultra réduite : 70 grammes ! Pourtant, elle est résistante puisque le poids limite est fixé à 120 kg, comme les autres vélos de la gamme.
UN EQUIPEMENT DE POINTE
Des accessoires qui sont secondés par deux montages disponibles, en Sram Red eTap AXS ou en Shimano Dura-Ace Di2. C’est ce dernier que nous avons pu essayer.
Le groupe Dura-Ace dans sa version R9200 propose une transmission à 12 vitesses de type semi-sans fil. Les leviers communiquent au moyen d’une liaison sans fil avec les dérailleurs et la batterie qui sont toujours reliés entre eux. Le fonctionnement de ce groupe Dura-Ace est simplement royal. Shimano semble avoir atteint la perfection en matière de dérailleur et de rapidité de changement de vitesse.
Le train roulant est confié à DT Swiss sur cette version Di2 de l’Ultimate CFR. Le modèle Sram est équipé de roues Zipp 353 NSW, plus lourdes que les DT Swiss, mais bénéficiant certainement d’une meilleure inertie. En effet, avec 1250 grammes et une hauteur de jante de 24mm, les DT 1100 Dicut Mont Chasseral sont dédiées spécifiquement aux parcours montagneux. Elles sont chaussées de pneus Schwalbe Pro One TT de 25 mm. Des pneus très légers (210 grammes) au rendement exceptionnel.
L'ULTIMATE CFR SUR LA ROUTE
Premier bon point, le sentiment de légèreté, véritable marque de fabrique de l’Ultimate EVO est toujours présent. La sensation d’effleurer la route est déstabilisante pour qui est habitué à des vélos « classiques » autour des 7,5 kg comme c’est la norme pour la plupart des vélos haut de gamme. Ce sentiment de légèreté qui pourra en troubler plus d’un sur le plat, surtout avec les roues DT Swiss à profil bas qui équipent l’Ultimate CFR. L’absence totale d’inertie pourra être un frein à haute vitesse, en cas de relance, ou simplement pour maintenir l’allure dans un raidillon.
Si en relance la rigidité du cadre est impressionnante, je me rends compte tout de suite que celle des roues l’est moins. Une caractéristique qui tend à ne pas brusquer le vélo. Avec d’autres roues (essayé avec des Roval Alpinist ou des Bora 33 WTO), le comportement est bien différent et l’Ultimate ne rechigne absolument pas au pédalage en force. Bluffant au vu de la faible masse du cadre (moins de 700 grammes) !
Sur le plat les DT sont donc à la peine…
Lorsque la route s’élève, le sentiment est tout autre. Même si je sens toujours que le train roulant n’est pas d’une rigidité monstrueuse, le pédalage est ultra fluide et les relances sont une formalité. Il n’y a que les cyclistes très puissants qui trouveront quelque chose à redire, et, encore une fois, le changement de roues est bénéfique au vélo.
Un sentiment que je ne ressentais pas sur les anciens Ultimate EVO, aux cadres moins rigides. Et l’explication vient de là, l’accroissement de la rigidité du cadre sur la dernière génération d’Ultimate CFR requiert des roues plus rigides pour donner son maximum. Le confort est simplement exceptionnel. Il n’y a que la selle Selle Italia C59 assez dure qui pourra déplaire à certains, pour le reste, la filtration des vibrations ne souffre d’aucun reproche.
UNE MACHINE PASSIONNANTE
C’est le mot ! L’Ultimate CFR fait partie d’une espèce de machines en voie de disparition. Les aigles des cimes. Des vélos qui ont fait rêver par leur design épuré, leurs lignes fines et leur poids plume.
Le CFR perpétue la tradition des vélos conçus pour grimper et fait preuve d’un comportement ultra racé en montagne. Attention, sur d’autres parcours ou si vous êtes puissant, il faudra viser une autre paire de roues tant les DT Mont Chasseral sont frêles. Et avec d’autres roues, il nous prouve qu’un vélo de montagne peut rouler ultra efficacement. Une merveille !