À l’envers de l’histoire contemporaine, le dessous des cartes laisse en fait apparaître une vague hallucinante emportant tout sur son passage. À commencer par les certitudes éventées de spécialistes en retard d’une guerre ou deux. Non le cyclisme n’est pas en péril !
Non la technologie n’a pas tué la technique ! Quelques fausses alertes plus tard, la réalité est bien différente ! Réjouissante !
Même si l’immense navire du marché mondial continue, pour un temps, à dériver sur son ère, le virage est pris. Bombe sociétale qui vient justement remettre en cause les affirmations des corbeaux de mauvais augure.
Avec des hausses allant de 30 à 400% durant les années COVID, le marché a connu une embellie exceptionnelle qui ne pouvait certes pas durer. Mais à l’heure du retour à la normalité, le marché global du vélo ne s’est jamais aussi bien porté. Et cela va sans doute durer puisque ce même marché peut s’appuyer sur une authentique révolution culturelle.
Le cyclisme, dans toutes ses pratiques, est devenu un discipline sportive citoyenne. Citoyenne et tendance, comme le montre la soudaine passion des marques de luxe et des magazines de déco pour l’objet vélo et sa place nouvelle dans nos sociétés désenchantées.
Le retour en grâce des productions nationales européennes, l’avènement de pratiques hors normes comme le Gravel ou l’ultra distance, la poétisation de l’artisanat, la mise en avant de l’histoire pour alimenter le futur, l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes champions charismatiques, la féminisation du vélo : voilà les surréalités actuelles. Avec des chiffres pour le prouver.
Le marché mondial du vélo est de 53,90 milliards de dollars pour 2023. Et il doit passer à plus de 66 milliards en 2024. Vous avez dit crise ?Évidemment le vélo dit électrique représente aujourd’hui près de 60% du marché national français. Un peu moins chez nos voisins italiens, belges ou allemands. Mais c’est une tendance lourde qui fait encore et encore pencher la balance industrielle du côté asiatique. Ces 60% ont probablement sauvé nombre de vélocistes. Mais un sauvetage qui ne peut s’inscrire dans la durée. Le marché atteint un maximum qu’il sera difficile de dépasser.
Reste pour nos points de vente à prendre conscience du désir des clients de plus en plus obsédés par le ratio prix-service-conseil. Si le vélociste se contente de sortir un vélo d’un carton, sans réel conseil et sans se préoccuper des attentes du client, il lui sera difficile de ne pas retenir l’achat en ligne. Même chose pour des constructeurs mettant en avant les performances de leurs champions pour justifier des tarifs d’autant plus indécents que la fabrication se fait en Chine ou au Vietnam. L’image ne suffit plus. Les cyclos veulent donner du sens à leur achat. Et ils exigent un service à l’ancienne. Compétant, humain, accessible. La crise en fait n’est finalement qu’une question de confiance.