À droite, Federico Zecchetto pose avec Tadej Pogacar (au centre) et Philippe Zecchetto, son fils.

FEDERICO ZECCHETTO, ELECTRON LIBRE

Avec ses labels Cipollini, DMT et ALÉ, Federico Zecchetto impose depuis une dizaine d’années un total style italien dans le peloton. Avec l’esthétisme en partage. Et la démonstration que la face cachée de l’audace peut laisser apparaître enfin la force inimaginable de l’esprit de synthèse au service d’une autre vision du cyclisme. Cet homme là n’est pas qu’un chef d’entreprise à succès. C’est un visionnaire !

Par Salvatore Lombardo

Bonferraro di Sorgà. Non loin de la mythique cité médiévale de Mantoue. Sourire immanquablement modeste, silhouette fine, verbe précis, ton réservé, Federico Zecchetto reçoit dans les locaux minimalistes de Cipollini plutôt que dans son vaste bureau de travail de Zecchetto Group. Un signe de son extrême volonté d’engagement personnel au service exclusif du made in Italy et du made in Europe. Comme une quête permanente de différence éthique à l’heure d’une mondialisation sauvage tueuse de valeurs et de savoir-faire. Synonyme du supplément d’âme insufflé dans le cyclisme avec les vélos Cipollini, les chaussures DMT et les vêtements ALE. Des labels désormais prestigieux qui recèlent systématiquement des gageures, des défis. Il en parle d’ailleurs en esquissant un sourire un peu plus large qu’à l’habitude.

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« Face à Pinarello, que j’admire par ailleurs, je voulais montrer que je n’étais pas qu’un banal marchand de chiffons. Un peu comme Ferruccio Lamborghini voulant démontrer à Enzo Ferrari qu’il n’était pas qu’un marchand de tracteurs. Alors évidemment j’ai lancé la marque de Cipollini avec l’apport d’une expérience plus ancienne qui m’avait conduit à construire les vélos carbone d’Eddy Merckx. La marque Merckx ayant alors été reprise par un brasseur belge désireux de faire comme les autres, à savoir de délocaliser la production en Asie, mes ateliers étaient prêts à l’action dès le lancement de ma nouvelle marque. Avec comme priorité le made in Italy et la différence de conception et de style. C’est ainsi qu’est apparu le premier Cipollini RB1000, une révolution stylistique et technologique ! »

Un peu sa Miura à lui. Je le lui fais remarquer. Il accepte la comparaison tout en décrivant l’acte de naissance du vélo. Ce désormais fameux RB1000 en forme d’avion de chasse.

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Évolution du RB1000, le RB1K The One reste fidèle au concept initial de la marque.

« J’avais les ateliers et les techniciens. Il me fallait un nom et une technologie. Je venais de rencontrer le grand Mario Cipollini. Je lui ai proposé le défi qu’il a accepté immédiatement. Restait la technologie. À l’époque plusieurs constructeurs parlaient de monocoque alors que leurs vélos n’avaient de monocoque que le triangle. Le reste étant rapporté en sortie de moule. Nous avons travaillé dur. Très dur. Et nous sommes parvenus à créer le premier monocoque intégral. Avec une rigidité inégalée. Le RB 1000 et son suivant plus souple le RB 800 ont dépoussiéré le cyclisme et ouvert des portes. Qu’il s’agisse de style ou de technique. Avec mes équipes nous en sommes très fiers. »

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Ciclostar, le magasin d’usine du groupe Diamant rassemble les produits Alé, DMT et Cipolloni.

Et Federico, qui salue son fils Philippe à qui il a passé le relais à la tête de Zecchetto Group, n’en reste pas là. Si Cipollini bike est une indéniable réussite, qu’en est-il de DMT ? Rien moins que la marque de chaussures du nouveau Campionissimo Tadej Pogacar.

« DMT c’est une belle aventure qui dure depuis 1978. Nous avons équipé en chaussures sur mesure les plus grands. Et même réalisé les légendaires Nike de Lance Armstrong. Aujourd’hui notre image c’est Tadej. Un immense champion et un jeune homme adorable mais perfectionniste qui nous apporte non seulement son image incomparable mais aussi ses retours d’expérience qui nous sont réellement précieux. Côté exigence il ne demande que du confort, du style, de la rigidité et du light. Il chausse du 42,5 et ses chaussures du Tour sont seulement à 165 grammes. Et nous allons encore progresser. Il est tellement grand et tellement sympa qu’il inspire toute l’équipe. Il donne à chacun l’envie de se dépasser. »

Reste ALÉ, le label de vêtements lancé en 2014 conjointement avec la marque Cipollini. Un must pour les clubs, 1500 pour la seule Italie, et pour de nombreuses équipes nationales, dont la France, et trois top teams. Groupama, Bahrein et Jayco. Confiée à Alessia Piccolo, ALÉ est devenu un nom omniprésent dans les pelotons. Notamment lors des cyclosportives. Avec la ALÉ Merckx qui couronne le trophée ALÉ des cyclos. Encore un motif de fierté pour Federico Zecchetto.

« La production de nos tenues est axée sur le style et le savoir-faire artisanal italien. L’équipe dirigée par Alessia Piccolo est adepte de la minutie absolue. Ce qui se retrouve dans chaque détail de chaque tenue. Les clubs étant chez nous traités avec la même attention que les teams professionnels. Nous portons une attention particulière au choix des tissus qui sont à la fois durables et techniques. En fait chacune de nos marques est fidèle à mon idée de mise en avant permanente du Style et du savoir-faire d’une Italie berceau du cyclisme. Comme le dit Valentino Campagnolo, la mondialisation n’est pas une fatalité. »

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