Olivier Rochon aura eu tous les titres, tous les rôles. Fondateur et PDG de Probikeshop depuis 2005, il aura connu la réussite puis la débâcle avec la chute de Signa Sport United, la maison mère de Probikeshop. S’il est arrivé à sauver l’enseigne de vente en ligne en trouvant des repreneurs (et en sauvant 24 emplois), il revient pour nous sur ces moments difficiles et sur un avenir qu’il souhaite radieux.
Si Probikeshop comptait une centaine d’employés (directs et indirects), seulement 24 ont été conservés. Un chiffre qui peut paraître bas, mais qui tient déjà du miracle. Pour Olivier Rochon, tout est question de relativité.
” On a pu conserver 24 emplois de catégories différentes. Auparavant, nous nous occupions de la logistique. À l’avenir cette partie sera sous-traitée, ce qui implique évidemment moins de personnel. Nous avons rapatrié toutes les opérations à l’ambassade, sur les quais de Saône qui devient le nouveau siège de Probikeshop. C’était important pour nous, car c’est un lieu emblématique.
Donc au total 24 personnes, des managers produits, des conseillers techniques pour répondre au téléphone et aux questions clients, quelques personnes pour le marketing. Une organisation assez light dans le seul but de conserver l’ADN et l’expertise de Probikeshop. “
Probikeshop sera de retour avec un nouveau site internet dès le mois d’avril. L’occasion pour les pratiquants et futurs acheteurs de constater que certains produits ne seront plus à la vente.
” Nous devons viser juste et pour cela nous devons faire l’impasse sur certains produits et certaines pratiques. Nous allons nous consacrer sur les accessoires, pièces VTT, route et Gravel. Nous allons arrêter l’urbain, le BMX et les vélos complets. La nouvelle stratégie est de faire moins mais mieux, ça fait partie de notre nouvelle approche. “
Plusieurs semaines après l’arrêt des commandes sur Probikeshop, l’attente du public est toujours là. Force est de constater que suite à l’annonce de la reprise de Probikeshop, l’intérêt du public ne s’est pas essoufflé.
” On a fait très attention durant la période de crise. Nous avons mis un point d’honneur à rembourser chaque commande qui ne pouvait être honorée et de guider nos clients vers les formalités nécessaires afin que personne ne soit lésé. On peut toujours trouver quelqu’un qui a eu un problème non résolu, mais nous avons fait le maximum pour contenter tout le monde. Et je crois simplement que nos clients et le public se sont rendu compte de tout cela. “
Au fil de notre discussion avec Olivier Rochon, on comprend que l’ancien PDG ne s’est pas laissé abattre et a toujours cru à une reprise des activités de Probikeshop. Alors même que la maison mère était en faillite, il a tout fait pour sauver les meubles et trouver une issue de secours. Il nous donne sa vision des choses sur le déroulement de la faillite de la maison mère et sur la gestion de la crise.
” La stratégie de Probikeshop était directement pilotée par le groupe et j’étais mis en retrait des décisions, tout en restant mandataire social. Sauf que, quand le groupe bascule en liquidation et que par effet domino la société Dolphin France SAS (Probikeshop) se retrouve elle aussi en cessation de paiement, on prend conscience de l’importance et de la responsabilité du mandataire social, moi en l’occurrence. À partir du moment où le groupe a arrêté de nous financer, on m’a redonné le volant. J’aime bien expliquer cela de la sorte :
J’étais sur le siège passager, les allemands conduisaient la voiture, on s’approche d’un mur et personne ne réagit. Un mètre avant de toucher on m’a redonné le volant. C’était exactement comme ça.
Quand j’ai repris le volant, j’ai essayé de prendre les décisions les moins mauvaises car c’est difficile d’en prendre des bonnes en pareilles circonstances. J’étais choqué car je n’avais jamais géré de sociétés en faillite, puis on s’est rapidement mis en quête d’un accord avec les administrateurs pour trouver un potentiel repreneur. Tout est parti de là parce-que mon idée profonde était que ça ne pouvait pas s’arrêter. “
Question de taille, Probikeshop a été l’un des leaders européens de la vente de pièces et d’accessoires vélos avec un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros. Désormais le nouveau Probikeshop vise bien moins, en tout cas au début.
” La stratégie du groupe était évidemment de chercher toujours plus et d’augmenter notre chiffre d’affaires. Je ne veux pas refaire ces erreurs et nos nouveaux investisseurs sont d’accord avec moi. Nous ne chercherons plus la croissance absolue et l’idée d’être le numéro un européen est bien loin. Le nouveau projet c’est de faire notre job, pour nos clients en partenariat avec nos fournisseurs et des salariés qui travaillent leur passion. “
Nouvelle société, nouvelle façon de faire. Si les stocks étaient décentralisés à l’étranger, ils seront désormais en France, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Une continuité naturelle de cette nouvelle vision de l’avenir. Et évidemment, qui dit nouvelle société dit nouveaux contrats, etc…
” Toute la logistique sera en France, via un prestataire externe qui sera communiqué d’ici quelques semaines. Nous tenons à être totalement transparents. Actuellement, nous nous concentrons sur les ouvertures de comptes auprès de nos fournisseurs. Comme la société précédente a été mise en liquidation, il a fallu recréer une société, réouvrir des comptes bancaires, transférer les contrats de travail des salariés… j’ai parfois l’impression d’être devenu directeur financier. Rires. La totalité des stocks appartiendront à Probikeshop, ce qui implique quelques millions d’euros pour reconstruire ces stocks. On a prévu de démarrer avec 10-15 000 références disponibles début avril pour revenir à 30 000 références ensuite. Nous avons juste énormément de travail pour reconstruire en 4 mois ce que nous avions mis 18 ans à construire, car nous repartons d’une feuille blanche. “
Comme expliqué plus haut, il tenait à cœur à Olivier Rochon et aux nouveaux investisseurs de conserver l’ambassade comme nouveau siège. Un lieu qui a temporairement fermé ses portes et qui abrite désormais les nouveaux bureaux de la société. Mais l’ambassade pourrait rouvrir ses portes rapidement…
” Nous avons dû aménager des bureaux dans le magasin entre Noël et le Jour de l’An, donc actuellement nous devons encore remettre de l’ordre et rationaliser l’espace. Mais nous souhaitons continuer le concept qui sera un peu différent car nous ne vendrons plus de vélos complets. Tisser un lien avec nos clients est très important. À ce titre, nous ouvrirons à nouveau dès que possible, les portes de l’Ambassade pour que ce lieu soit le point central de cette nouvelle aventure ; avec des évènements, des tutos, des présentations produits et bien d’autres choses.“