POGACAR À KIGALI

Pogacar remporte son deuxième titre mondial en 2025 au terme d'une échappée de 104 km. Un exploit exceptionnel après une saison qui l'est tout autant. Ce qui le place directement dans la lignée des Merckx et Coppi.

Par Salvatore Lombardo

DIGNE DU CAMPIONISSIMO !

Faustino Coppi n’en revient toujours pas. Littéralement fasciné par l’exploit de Tadej Pogacar dans le Mondial de Kigali, le fils du Campionissimo adoube définitivement le prodige Slovène au point de lui accorder le titre glorieux de Campionissimo jusqu’alors réservé à son père.

« Un honneur pour moi de lui attribuer ce surnom jusqu’alors exclusivement réservé à mon père. Tadej, comme Fausto, entre vivant dans l’histoire du cyclisme. Qui pourrait en douter après l’exploit mémorable réalisé à Kigali pour le Mondial 2025 ? Moi je revois aujourd’hui quelque chose de la gloire de mon père à Lugano en 1953. »

En relevant et en restituant l’exploit à la légende du sport cycliste, Faustino réinterprète à sa manière les textes quasi bibliques du grand critique d’art Achille Bonito Oliva qui théorisait ainsi l’histoire de l’art.« Une épée de Damoclès est suspendue sur toute l’histoire de l’art occidental depuis 1474 ! Lorsque Piero della Francesca achève de peindre un retable mirifique ( La Vierge à l’enfant en majesté entourée des anges et des saints) pour le duc Federico de Montefeltro…L’artiste se fait le porteur des utopies.. »

Top Vélo | podium
Le podium du Mondial 2025 : Pogacar, Evenepoel et Healy.

De Coppi à Piero della Francesca, de Faustino à Bonito Oliva, de Kigali à Lugano, toute l’histoire du cyclisme en un parallèle existentiel démesuré par la grâce insigne de l’exploit invraisemblable réalisé au cœur de l’Afrique par un jeune champion en quête d’absolu d’autant plus utopique qu’il est visé par des myriades pathétiques de critiques émanant de la frange la plus médiocre des réseaux « dits » sociaux.

Aux misérables contempteurs qui ne cessent de douter de la supériorité de l’athlète surdoué comme de celle de l’artiste supérieur, Pogacar le magnifique oppose la force de l’esprit et du geste. Réponse définitive aux nihilistes de l’exploit sportif. Affirmation surréelle de la capacité du rêve à réduire à néant les impostures de la libre expression. Sourire à la Picasso, aussi. Ce dimanche 28 septembre 2025 Tadej Pogacar a donné au cyclisme la dimension de l’art. Comme l’aura toujours fait son mentor originel, le sorcier Ernesto Colnago.

Il n’aura pas seulement signé la dix-septième victoire d’une folle saison, il aura signé avec la manière la page de garde d’un nouvel opus poétique. Préparant non seulement la réécriture de la saga sportive, mais aussi et surtout la résurgence d’une nouvelle race de champions. Plus jeunes, plus fous, plus romantiques et moins comptables en dépit de l’irruption de l’argent roi dans un univers jusqu’alors paupérisé face au football, au golf ou à la Formule Un.

Avec son alter-ego Remco Evenepoel, Tadej Pogacar offre au cyclisme la rédemption intellectuelle qui lui manquait depuis Merckx et Hinault. Faisant de Kigali un nouveau théorème à l’usage de la jeunesse. Il lui aura suffi pour cela d’une échappée de 104 kilomètres.

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