ATOMIQUE POGACAR, LE ROSE LUI VA SI BIEN

Exploits sur exploits, victoires spectaculaires, spectacle à tous les étages de la course, public transalpin sous le charme, peloton admiratif, gestes amicaux et humains, sourire permanent, le super champion slovène aura fait de son premier Giro une épopée hallucinante. Une évidence métaphysique digne d’un tableau futuriste à la Boccioni. Mais aussi et surtout l’acte premier d’une révolution qui touche aussi bien à la technique qu’à l’entrainement.

Par Salvatore Lombardo

Roma. Dimanche 26 ami 2024. Dans la lumière impériale de la Cité éternelle, le Slovène Tadej Pogacar exulte. Il vient de remporter son premier Tour d’Italie avec 9 minutes 55 secondes d’avance sur son second, Daniel-Felipe Martinez, et 10 minutes 24 secondes sur son troisième, Geraint Thomas. Un Thomas littéralement ébahi qui va confier à la presse n’avoir jamais couru face à quelqu’un d’aussi fort que Pogacar.
Maillot rose et six étapes en poche, avec en prime le maillot de meilleur grimpeur, le jeune leader du team UAE aura dominé son sujet avec une aisance désarmante. Au point de susciter, comme toujours, quelques doutes côté français… Et de déclencher une idôlatrie à la Coppi côté italien.
Qu’en est-il réellement ? Et comment expliquer une telle supériorité ? Un meilleur entrainement ? Un matériel au-dessus des autres ? Et pourquoi pas un peu de tout ça ?

Top Vélo - Pogacar 1

Il faut d’abord avoir en mémoire le fait que notre génial Slovène n’est pas le premier à s’imposer avec une avance aussi importante. Sans remonter à l’époque du Campionissimo Coppi et ses dizaines de minutes d’avance, on peut évoquer Ivan Basso vainqueur en 2006 avec 9 minutes 18 secondes d’écart sur son second. Ou encore Vittorio Adorni, premier avec 11 minutes 26 secondes d’avance. Et même, cette fois sur le Tour, la victoire de l’inoubliable Laurent Fignon en 1984 sur un Bernard Hinault distancé de dix minutes 32 secondes.
Tout est relatif donc. Sauf évidemment la moyenne record de 41,86 km/h sur les 21 étapes de ce Giro 2024. Mieux que Chris Froome !
 
Il y a ensuite le matériel, annoncé comme particulièrement performant et totalement innovant (Ce qui peut faire sourire lorsque l’on se souvient des récriminations d’obscurs coureurs se plaignant de leur matériel). Avec une position du coureur très avancée, très basse, peu esthétique, et pour tout dire contraire à tous les canons modernes de la performance athlétique sur vélo.
Qu’en est-il ?
Contre toute attente, le vélo Colnago V4RS (lire notre Supertest) de Pogi est un modèle de série que chacune ou chacun d’entre nous peut acquérir auprès d’un vélociste agréé. Taille Colnago 48,5, soit en réalité un 52. C’est à dire une taille plutôt basse pour un coureur mesurant 1m76 avec une hauteur de selle de 73,7 cm. Un choix volontaire du champion et de son entraineur qui optent désormais pour un vélo plus maniable et plus rigide et réactif.

Parallèlement, le Slovène adopte cette année une position totalement nouvelle, très avancée, avec une potence de 120 mm et un nouveau poste de pilotage Enve ultra étroit de… 36 cm. Le tout assorti de manivelles passées de 172,5 à 165 mm. Pour un braquet habituel de 55 x 40 (suivant les étapes) avec cassette  11 x 34 en 12 vitesses.
Selon Mauro Gianetti, le manager général d’UAE, cela permet à Tadej de bénéficier de meilleures capacités d’accélération dans les phases d’attaque maximale. Et aussi de bénéficier d’une meilleure aéro. Le couple est plus important. Même si au final la possibilité de pousser de plus grands braquets en côte est moindre. Ce qui implique logiquement, cela s’est vu lors des retransmissions TV, un rythme de pédalage plus élevé.
Avec un poids total de 7 kg sans les deux bidons, le Colnago rose est dans la moyenne. Bien au-dessus des sacro-saints 6,8 kg fixés comme limite basse par l’UCI.
Autre détail important, les roues Enve du V4RS sont chaussées de pneus Tubeless Continental GP 5000S TT de 28 ou 30mm suivant les étapes, gonflés à environ 4 bars de pression.
Pour assimiler tous ces changements, quasiment une révolution, Tadej Pogacar s’est astreint à des training-camp de forçats en montagne. Ne revenant de ces séjours de travail seulement pour courir et gagner.
Cette année, Tour de Catalogne et Strade Bianche en plus de Liège-Bastogne-Liège et du Giro !

Top Vélo - Pogacar 2

Alors quel est le secret des performances stratosphériques de Pogacar ?
La réponse est simple. Pogacar est un super champion depuis toujours supérieur à tous les autres.
Vainqueur du Tour de l’Avenir 2018 avec un double titre national slovène sur route et sur le chrono.
Vainqueur du Tour de Californie 2019 et troisième de la Vuelta avec trois victoires d’étapes.
Vainqueur du Tour de France 2020 ce qui fait de lui le plus jeune vainqueur depuis 1904.
Vainqueur de son second Tour de France en 2021. Avec en prime Tirreno-Adriatico et le Tour de Lombardie.
Inamovible Numéro Un mondial UCI même si durant les Tours de France 2022 et 2023 il a dû s’incliner face à Vingegaard et à l’armada Visma.
 
Coppi était supérieur. Anquetil était supérieur. Merckx était supérieur. Hinault était supérieur. Pogacar est supérieur ! Le Monde est à ses pieds. Sauf quelques donneurs de leçons franco-français. Hélas.
La Révolution a ses héros et son prix.

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