Un absolu de performance
Même s’il ne dispose plus de la signature du légendaire Ernesto Colnago, le V4RS reste toujours un Colnago, en témoigne le traditionnel trèfle Asso Di Fiori positionné sur la douille de direction. Tout un symbole !
La ligne des vélos de Cambiago est bien présente. L’élégance naturelle, l’admirable pureté des lignes et le fait que chaque élément soit judicieusement positionné à sa place idéale font du V4RS, un vélo d’une rare classe.
Un V4RS qui se charge désormais d’assurer pour les coursiers, la relève du C64 et du V3RS. Le C68 devenant le vélo classique d’une gamme « C », destinée aux puristes et passionnés désireux de s’offrir un vélo made in Italy, le V4 devenant donc la machine de course pour compétiteurs. V comme « victory » ou « velocita ».
Mon regard
Tout le monde a largement vu le V4RS à la télévision et dans les journaux. C’est certainement l’une des machines actuelles les plus vues et les plus admirées. Pourtant, en vrai, même s’il est archi-connu, le V4RS fait toujours son effet.
Résolument haut de gamme, sobre (à mille lieues d’un C40 de la grande époque) et pourtant tellement Colnago.
ENCORE PLUS LÉGER ET AÉRO QUE LE V3RS
C’est ce que Colnago met en avant lorsque la marque de Cambiago compare le V4RS à son prédécesseur V3RS. Comptez une cinquantaine de grammes de gagnés, mais le but ultime des ingénieurs n’était pas uniquement sur le gain de poids, au contraire ! Conçu en soufflerie comme un ensemble tout intégré, le V4 bénéficie d’une grosse recherche aérodynamique sur son cadre, sa tige de selle et sur l’intégration d’un cockpit extrêmement abouti. Et si les lignes sont encore assez proches de celles du V3RS, le cadre est totalement différent.
L’ensemble cadre/fourche/poste de pilotage/tige de selle forme l’un des ensembles les plus aérodynamiques du marché. Ensuite, la géométrie est nouvelle avec un cadre plus compact et des bases plus courtes. Pour terminer, l’étude du lay-up de carbone a pris plusieurs mois sur le terrain. Plusieurs prototypes ont été utilisé par le Team UAE pour définir le cadre idéal, celui qui retiendrait tous les suffrages des coureurs. C’est la version finale qui vous est présentée ici. Celle utilisée par le numéro Un mondial, Tadej Pogacar.
Vous noterez que la plupart des cadres (ou vélos) V4RS sont dotés d’une peinture minimaliste qui tranche avec les réalisations précédentes. On comprend la volonté de la marque d’alléger au maximum son cadre de course, alors que les peintures les plus élaborées sont désormais réservées au C68 qui n’affiche pas les mêmes ambitions de poids et de performance. Reste que la finition est exceptionnelle, voire sublime. Les marquages Colnago ressortent comme s’ils étaient taillés dans la masse du métal. Un effet brossé leur est appliqué pour souligner leur importance. Splendide !
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COLNAGO V4RS
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SHIMANO DURA-ACE DI2
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ENVE SES 3.4
PIRELLI PZERO
COLNAGO CC.01
PROLOGO
7 kg (sans pédales)
15 000€
UN MONTAGE REPLICA UAE
Notre vélo d’essai reprend exactement les couleurs et le montage utilisés pendant la saison 2023 par le team UAE, à savoir un groupe Shimano Dura-Ace r9250 Di2 à 12 vitesses et des composants de direction Enve. La tige de selle est spécifique au V4RS, elle est siglée Colnago. Ce groupe Dura-Ace est désormais archi-connu puisqu’il équipe une grande majorité des vélos du peloton pro. Désormais semi-sans fil (les leviers communiquent sans fil avec les dérailleurs qui sont reliés entre eux par la batterie centrale qui est toujours dans la tige de selle), il bénéficie de 12 vitesses comme les groupes concurrents Campagnolo et Sram (eux wireless et donc sans fil).
Les composants sont siglés Colnago. On retrouve l’excellent poste de pilotage monobloc baptisé Colnago CC 01. Un combo dont l’ergonomie est simplement parfaite. La finition est du même acabit et je ne trouve aucun grief à écrire au sujet du CC 01. La tige de selle n’appelle pas de commentaires particuliers. Semblable à celle du C68, elle se règle via un serrage intégré dans le cadre, en dessous de la jonction tube supérieur/tube de selle. Beau et efficace.
Les superbes roues Enve contribuent pour beaucoup à l’attrait de ce vélo. Les SES 3.4 sont intermédiaires dans la gamme SES qui constitue le top de gamme chez Enve. On retrouve les SES 2.3 à profil bas, et au-dessus les SES 4.5 qui, vous l’aurez compris, sont plus hautes. Enve commercialise aussi les SES 6.7, pour les amateurs de vitesse et de rigidité extrême. Avec une masse de 1400 grammes et une hauteur de 39 mm pour la roue avant et 43 mm pour la roue arrière, on peut les qualifier de roues aéro légères.
Elles bénéficient de toutes les technologies Enve comme les têtes de rayons intégrées et de jantes élargies pour plus d’aérodynamisme, de confort et moins de poids. Des roues qui s’expriment parfaitement avec des pneus larges de 28 ou 30 mm, comme l’est justement équipé notre vélo.
LE COLNAGO V4RS SUR LA ROUTE
Je vous parlais de pneus larges juste au-dessus ; sur la route le confort s’en trouve immédiatement amélioré. Les pneus Pirelli de 30 mm font leur travail sans jamais donner l’impression d’être mous ou de pomper lorsque je suis debout sur les pédales. Qui aurait dit il y a quelques années que les vélos des pros seraient équipés de gommes de 30 mm gonflés à 5 bars (ou moins) ? Sur le plat le V4RS m’impressionne. Comme les vélos aérodynamiques dédiés à cette pratique, il réagit comme une lame. Une lame dont la flexibilité est bien présente puisque même lorsque la route s’élève (un faux plat par exemple), le V4RS s’adapte et ne me plante pas. À ce petit jeu, je le trouve même plus doux que le V3RS qui était bien plus bridé.
Comprenez que la panne de jambes ne sera pas sanctionnée immédiatement, le Colnago V4 étant assez tolérant. Une caractéristique bien présente sur les derniers vélos de pros essayés : ils sont plus faciles à utiliser qu’il y a quelques années.
Même constat dans les cols, lorsque la pente devient difficile le V4RS se joue des éléments en semblant bien plus léger qu’il n’est. Côté braquet, il est clair que pour un cycliste en déficit de forme, il faudra employer de petits rapports. Les hommes forts pourront par-contre profiter de la rigidité du V4RS pour s’en donner à cœur-joie.
Toujours cette grosse rigidité de l’ensemble cadre/roues qui se montre proche de la perfection. Je suis étonné de la facilité du vélo à évoluer dans des pentes à plus de 10% (tant que je conserve de la vitesse). Un grimpeur né ! Je pensais sentir plus de différences dans les descentes, car la géométrie plus compacte du V4RS promettait un cadre plus vif que le V3RS. Il n’en est rien, et le V4 conserve ce toucher de route typiquement Colnago. Comprenez un cadre prévenant, qui pardonne les erreurs et qui donne un sentiment de sécurité pratiquement inégalé.
PAS SI EXIGEANT
Terminé l’époque où les vélos de pros étaient ultra-exigeants. Depuis l’avènement des monocoques modernes, cette légende (qui était vraie) n’en est plus une. Et le V4RS ne se cache pas d’être assez accessible. J’écris assez car il reste toujours un vélo ultra-rigide (bien plus rigide que le V3RS) et bien moins confortable qu’un vélo conçu pour l’endurance. Néanmoins, les cyclosportifs peuvent en profiter et rouler sur le même vélo que « Pogi » sans trop souffrir. Imaginez-vous allez chercher le pain avec la Ferrari de Charles Leclerc ? Beaucoup plus simple d’enfourcher le vélo de Pogacar ! De quoi me redonner des envies de compétition…