Le retour d'une légende !
Qu’il se sera fait attendre ! De longs mois qu’on l’aperçoit au sein du peloton Pro, encore récemment c’est Warren Barguil qui s’affichait à ses commandes. Avec ce nouvel Aeroad tout change, mais au fond rien ne change. Le vélo est encore plus aérodynamique, plus léger aussi, mais s’annonce toujours facile à emmener. Une recette que Canyon tient secrète et qui a fait de l’Aeroad l’étendard des vélos dits aérodynamiques.
Plus aérodynamique, plus léger
Quatre années que Canyon travaille sur cet Aeroad seconde version. Quatre longues années pendant lesquelles l’Aeroad CF SLX a enchaîné les victoires, alors que son successeur était déjà à l’étude ! Une étude visant principalement à améliorer l’aérodynamisme et à abaisser la masse globale, sans rendre le vélo plus difficile à emmener.
Pour arriver à cette fin, les ingénieurs allemands sont repartis d’une feuille blanche en tenant compte de certains facteurs : intégration totale de la câblerie, géométrie pas trop difficile, confort présent, poids du vélo complet sous les 6,8 kg (souhaité par les coureurs pros) et surtout un beau vélo car pour Canyon, aéro ne signifie pas horrible et massif. La première étape a été la définition des formes du cadre grâce à de nombreuses études en CFD qui ont duré plusieurs mois. Trois types de formes ont ainsi été testées et c’est la forme Trident 2.0 qui a été choisie pour le cockpit, le tube de direction, la poutre transversale et les haubans. Ensuite, le premier prototype de cadre (baptisé Geometry 19) est passé en soufflerie avec des essais par vents de côté jusqu’à 20° et 45 km/h, avec un mannequin (appelé Ferdi) dont les jambes tournaient pour reproduire fidèlement le pédalage humain. Les nombreuses données récoltées ont permis aux ingénieurs de Canyon d’affiner encore les formes du cadre afin qu’il soit parfaitement adapté à un usage routier et non pas simplement bon en soufflerie. Canyon annonce avoir passé sept fois plus de temps dans le développement CFD de ce nouvel Aeroad par rapport au précédent modèle.
Une fois la forme choisie et finalisée, les essais de terrain et un constant dialogue entre les ingénieurs, les testeurs terrain et le chef produit, ont conduit à des modifications de forme et de géométrie. Car le vélo le plus rapide aérodynamiquement parlant n’est pas forcément le plus rapide sur la route et les tubes très aérodynamiques peuvent se montrer trop contraignants pour le confort ou la rigidité de l’ensemble. Par exemple la première version avait des tubes très larges (à la limite des règles UCI) qui étaient trop lourds et la première version du cockpit n’offrait pas une bonne ergonomie lorsqu’on posait les mains sur le dessus, comme lorsqu’on grimpe. Les ingénieurs et les testeurs ont donc cherché à s’approcher à chaque fois des limites sur chaque étape de la conception, sans jamais les dépasser et n’hésitant pas à revenir en arrière lorsqu’une limite prenait le pas sur les autres.
Vous le voyez, la forme globale évolue beaucoup par rapport à l’ancien Aeroad. La fourche est plus large, le cockpit est positionné plus bas, les haubans, le tube de selle et la poutre sont aussi plus larges. Les résultats en soufflerie affichent par rapport au précédent Aeroad 7,4 watts de moins vélo seul, 4,4 watts de moins avec le mannequin Ferdi et 5,4 watts de moins avec deux porte-bidons et bidons. Des résultats à mettre en corrélation avec le gain de poids et le travail sur les perturbations aéro par vent de côté.

CFR
Nous vous l’annoncions il y a quelques mois, Canyon a développé une nouvelle gamme, positionnée au-dessus des SLX. Baptisée CFR, elle se destine à un usage professionnel et vient remplacer l’appellation EVO qu’on trouvait auparavant chez l’Ultimate. Ce sont donc deux modèles, l’Ultimate et l’Aeroad qui reprennent cette appellation CFR et qui sont désormais largement utilisés par les teams équipés par Canyon.

NOUVEAU POSTE DE PILOTAGE
Si l’Aerocockpit faisait l’unanimité, Canyon a fait évoluer son célèbre poste de pilotage afin de faire passer la câblerie à l’intérieur. Ce nouveau cockpit est entièrement en carbone et est réglable et démontable (!). Une nouveauté nécessaire pour l’emballage du vélo (puisqu’on ne peut plus démonter simplement la potence, comme avant) mais aussi très pratique pour l’utilisateur qui peut choisir entre trois largeurs de cintre, à volonté. De quoi contenter à la fois les rouleurs, mais aussi les grimpeurs ou sprinters ! Deux petites vis sont présentes de chaque côté, sous le cintre, et permettent soit de démonter les extrémités de celui-ci soit d’effectuer le réglage de la largeur. Absolument inédit !
Pour ceux qui se posent la question du fonctionnement du système d’intégration de la câblerie, il est très simple. Le pivot de fourche est à double diamètre et est coupé de manière évasée dans sa partie supérieure. La potence reprend le système des anciennes potences à expandeur et descend tout autour du pivot. Elle est coupée de manière évasée, comme la fourche, ce qui permet à la câblerie de passer dans le cadre. Le système est aisément réglable pour ceux qui voudront augmenter la hauteur de la direction, des bagues en deux parties permettent de ne pas tout démonter et s’intègrent parfaitement à l’ensemble.

6 TAILLES POUR L'AEROAD CFR
Du 2XS au 2XL. Canyon se situe dans la bonne moyenne. La géométrie de ce nouvel Aeroad évolue avec des douilles de direction plus basses (126 mm en taille S contre 130 mm auparavant), des tubes de selle plus bas et des tubes supérieurs plus longs sur certaines tailles (533 mm en taille XS contre 527 mm). À noter que les deux plus petites tailles de l’Aeroad CF SL (3XS et 2XS) adoptent des roues de taille 650B. Une première !

POIDS EN BAISSE
Avec 915 grammes, l’Aeroad CFR affiche presque 100 grammes de moins que l’ancien Aeroad CF SLX (freinage disque). Un gain de poids qui se retrouve aussi sur la fourche (425 grammes contre 445), le poste de pilotage (375 grammes contre 412), la tige de selle (moins 6 grammes), pour un total de 1 950 grammes contre 2 110 grammes. Un abaissement de la masse du vélo qui est le signe que les vélos aérodynamiques à freinage disque commencent à retrouver leurs lettres de noblesse, après une période d’adaptation où leur masse oscillait plutôt aux alentours des 7,5-8 kg !
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CANYON AEROAD CFR
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SHIMANO DURA ACE DI2
DT Swiss ARC 1100 Dicut 62
Continental Grand Prix 25 mm
Canyon CP00018 Aero-Cockpit
SELLE ITALIA
7,16 kg (sans pédales)
7499 €
DURA-ACE Di2, RED eTAp AXS ou SUPER RECORD
Ces trois groupes top de gamme sont disponibles sur l’Aeroad CFR. L’embarras du choix, donc. Notre vélo d’essai est équipé du groupe nippon, qui correspond sensiblement au montage de l’équipe Arkea Samsic et du vélo personnel de Warren Barguil. Les pros d’Arkea utilisent des roues Shimano, notre vélo retrouve les roues DT-Swiss ARC 1100 Dicut 62. Des roues très aérodynamiques dont la largeur interne est de 17 mm et la largeur externe de 27 mm. Subtilité de Canyon qui choisit d’équiper ses vélos de pneus Continental Grand Prix 5000 de 25 mm à l’avant et 28 mm à l’arrière !
Pour en revenir au groupe Shimano Dura-Ace Di2, celui-ci est un incontournable des machines haut de gamme. Pas une marque ne fait l’impasse sur Shimano et c’est logique. Les qualités de ce groupe ne sont plus à démontrer, tant au niveau du fonctionnement que de l’ergonomie. On félicitera Canyon qui propose enfin le choix du choix, c’est-à-dire la possibilité d’équiper son Aeroad CFR avec les groupes des trois principaux manufacturiers, Shimano, Sram et Campagnolo. Campagnolo qui longtemps est resté absent des gammes Canyon alors que celui-ci équipait en Campagnolo son équipe phare Movistar !
Je vous ai détaillé les caractéristiques du nouveau poste de pilotage un peu plus haut, quelques mots sur la nouvelle tige de selle. Plus « épaisse » que l’ancienne, elle est sensiblement plus légère et bénéficie de la même facilité de réglage. Une vis à empreinte Allen permet de régler à la fois l’avancement de la selle et l’inclinaison du chariot. Rien à dire ! Son serrage sur le cadre est aussi totalement nouveau, une petite vis est présente entre les haubans, à l’arrière, comme sur l’Ultimate. Mais ici cette vis ne vient compresser qu’une partie de la tige de selle, qui est en fait dotée d’une double longueur ! Concernant la selle, si la Selle Italia SLR est très ergonomique, il est dommage de retrouver sa version à rails acier (manganèse), notamment en ce qui concerne le gain de poids !
LE CANYON AEROAD CFR SUR LA ROUTE
Grâce à son poste de pilotage à la largeur réglable, j’ai pu adapter ma position très finement. Un très bon point quand on sait que nombre de vélos aérodynamiques sont équipés d’un poste de pilotage monobloc assez étroit, pour diminuer la surface frontale. La position de l’Aeroad est donc assez facile d’accès pour une machine de ce calibre. Si vous êtes un minimum entraîné, vous n’aurez aucun mal à vous sentir à l’aise. On peut en plus facilement rehausser le poste de pilotage à l’aide de bagues métalliques qui se clipsent entre elles.
En côte
Ça n’est pas là qu’on attend le plus d’une machine aéro, mais l’Aeroad a toujours su être performant sur ce terrain. Des coureurs pros comme Valverde ont d’ailleurs toujours roulé sur l’Aeroad, même lors des plus dures étapes de montagne. Avec sa masse plus légère, les sensations sur ce terrain sont indéniablement meilleures qu’avec l’ancienne version (freinage disque). Évidemment les roues DT Swiss de 62 mm font sentir leur inertie et il faudra idéalement adapter le train roulant en cas d’usage en haute montagne. Des roues qui ne posent aucun problème dans les courtes ascensions où on bénéficie de l’excellent équilibre du vélo. On peut accélérer sans lutter contre le vélo. Lorsque la pente dépasse les 6-7 % ou si l’ascension est plus longue qu’une simple accélération, des roues de 40 mm sont idéales. Essayé avec des Campagnolo Bora WTO 40, le comportement de l’Aeroad devient ultrajoueur et ultrafacile. Comme l’Ultimate CFR qui partage la même fibre…
Sur le plat
C’est le terrain de prédilection de l’Aeroad, ce pour quoi il a été conçu. S’il sait se montrer performant lorsque la route s’élève (comme son prédécesseur), il se révèle totalement à son aise lorsque la route est plane et qu’on met du braquet. C’est même là qu’il trouve toute sa flamboyance : afficher un comportement et une facilité de mise en vitesse dignes d’une machine de contre-la-montre sans faire preuve de dureté, et cela quelle que soit la vitesse. Un arrêt sur route plate en restant sur le grand plateau suffira de vous convaincre de la chose. On repart très facilement, sans buter contre le vélo. Et une fois lancé, vous deviendrez le roi des relais. Une facilité qui nous rappelle celle du Specialized Venge S-Works, sans cette sensation d’être pénalisé dès que la route monte. Par rapport à l’ancien Aeroad qui était déjà très performant sur ce terrain, le nouvel opus en rajoute une couche. Toujours aussi facile, mais plus tranchant.
En descente
Outre notre circuit d’essai, j’ai eu l’occasion d’emmener le nouvel Aeroad dans le Ventoux. Sa longue descente n’a pas d’équivalent pour mettre à mal un système de freinage ou la stabilité d’un vélo. Rien à dire sur le système Shimano Dura-Ace à disque. Tout au plus quelques frottements, mais mon vélo d’essai neuf expliquait cela. Concernant la stabilité du vélo, j’ai été bluffé. Je n’ai que très rarement ressenti un tel sentiment de sécurité. Pour être clair, si j’écris souvent que je me sens en sécurité sur les différents vélos que j’essaie, c’est vrai. Plus encore depuis l’arrivée du freinage disque qui a augmenté légèrement l’empâtement des machines et donc leur stabilité. Mais ici l’Aeroad excelle littéralement. Il accepte de passer les grandes courbes à des vitesses inavouables. Dans ma mémoire de cycliste et de coureur, seules trois machines m’ont laissé cette impression : le Cipollini RB800, le Colnago C64 et le récent Victoire Cento. J’écrivais lors de mon essai du Venge qu’il devenait compliqué à tenir passé les 60 km/h, rien de cela ici. J’ai atteint des vitesses proches des 100 km/h sans jamais me faire peur. La direction est simplement formidable, le grip des pneus Continental phénoménal et l’aéro du vélo fait qu’il se joue de tout vent latéral.
DIGNE DE LA LIGNÉE AEROAD
Plus que jamais, il mérite de porter le nom Aeroad. Un patronyme qui commence à devenir légendaire, et ce cru 2020 restera comme une référence parmi les vélos « de pros ». Mais pas seulement car cet Aeroad reste parfaitement utilisable par les meilleurs cyclosportifs, qui n’auront aucun problème à l’emmener sur des cols ou des parcours accidentés. Chez Canyon, et malgré mon attachement à l’Ultimate CFR (ex EVO), c’est le nouvel Aeroad que je choisirai !