TOP VÉLO DE L'ANNÉE
Désormais, le Canyon Aeroad ne fait plus figure d’ovni sur le marché des vélos de course haut de gamme.
Pourtant, lors de sa sortie il y a 15 ans (après le Tour de France 2010), peu de machines de course osaient afficher des lignes si aérodynamiques et des solutions si avancées. Au fil des générations, l’Aeroad n’a cessé d’être ce vélo qu’on connait désormais très bien. Toujours, plus aérodynamique, toujours plus léger et toujours plus utilisé dans le monde professionnel. Au point même de détrôner l’Ultimate, pourtant considéré comme l’un des vélos de course ultime.
Mon regard, un Aeroad performant sur tous les fronts
L’Aeroad a gagné sur tous les terrains, quel que soit le parcours. Lancé en 2010, il a été utilisé la toute première fois chez les pros par Philippe Gilbert lors de la Classica San Sebastien, alors que le cadre n’était pas encore homologué par l’UCI.
À l’époque axé uniquement sur le gain aérodynamique, il manquait certainement de rigidité pour les grands sprinteurs à qui ils se destinait originellement.
Une caractéristique initiale qui a finalement fait sa force car en étant utilisé par des coureurs très divers, il a aussi conquis le monde amateur, devenant très présent dans les pelotons cyclosportifs qui profitaient alors d’une rigidité « suffisante » tout en se faisant plaisir avec un vélo aux lignes hors du commun.
C’est avec la seconde génération que le Canyon Aeroad arrive à maturité. Nettement plus rigide, il améliore aussi son coefficient aérodynamique avec une ligne qui est encore tout à fait actuelle. Ce vélo intégrait la câblerie presque entièrement avec un cockpit dédié baptisé Canyon Aerocockpit. Une grande nouveauté à l’époque et une vision d’un futur désormais actuel : Tous les cadres haut de gamme du marché bénéficient d’un cockpit dédié. L’Aeroad a été un précurseur en la matière et il continue de l’être avec la dernière version du cockpit baptisé Pace Bar.
La troisième génération a définitivement adopté le freinage disque et achevé une intégration de la câblerie désormais à la mode. Largement victorieuse sous les coups de pédales de Mathieu van der Poel, l’Aeroad désormais baptisé CFR est uniquement disponible en freinage disque et fait l’apanage des groupes électriques.
LE CANYON AEROAD CFR 2025, TECHNIQUEMENT
Si les lignes de l’Aeroad 2025 semblent très proches du modèle précédent, Canyon a fait évoluer son cadre phare en profondeur. Ce n’est pas du côté du gain de poids sur le cadre qu’il faut attendre un bond en avant avec un cadre à environ 950 grammes, mais plutôt sur l’amélioration de l’aérodynamisme, sur la facilité d’usage (lay-up), le confort et la praticité.
Malgré tout, la masse globale baisse de 50 à 100 grammes grâce aux nouveaux composants développés pour cet Aeroad CFR. Le cockpit Pace Bar a été remanié et bénéficie toujours de 3 positions de réglage en largeur. Il peut désormais bénéficier de deux versions d’inserts latéraux : classique ou avec un drop évasé permettant un gain de 14 watts (selon Canyon). De quoi plaire à tous les goûts, sans imposer une mode qui ne convainc pas tout le monde. Bien vu !
Autre point intéressant de ce nouveau poste de pilotage, la possibilité d’adapter directement des prolongateurs qui se fixent sur sa partie supérieure. Des inserts sont prévus pour cela, ce qui sera particulièrement utile sur un usage longue distance ou triathlon. Enfin, sachez qu’on peut démonter et changer les parties latérales (pour passer d’une ergonomie classique à celle présentant un fort drop) sans avoir à enlever les gaines hydrauliques.
CANYON AEROAD CFR
- Ajoutez le son ici
SHIMANO DURA ACE DI2
DT SWISS ARC 1100 DICUT DB
CONTINENTAL GP 5000S TR
CANYON PACE
Selle Italia SLR 3D
6,9 kg (sans pédales)
10 100 €
Sur le cadre même, Canyon a fait évoluer le lay-up avec une redistribution de la rigidité sur l’avant du cadre et sur le boitier de pédalier. L’arrière a été adoucit pour favoriser le confort et l’aéro progresse légèrement. Notez par ailleurs les faces extérieures des sorties d’axe traversant qui sont désormais pleines. Pour la beauté du geste !
Coté points pratiques, Canyon a adopté une visserie entièrement au format Torx T25 pour le système de fixation de la tige de selle, pour le poste de pilotage ou encore pour les fixations de porte bidons. De quoi simplifier la manutention ou les réglages en cours de route. Pour cela, vous retrouvez un embout Torx T25 intégré au levier clipsé de l’axe traversant.
Concernant la tige de selle, le réglage du chariot évolue avec deux vis, une pour le réglage d’avant en arrière, et la seconde pour le réglage de l’inclinaison. Parfait pour effectuer un réglage sans altérer le second ! Une tige de selle qui intègre aussi un aimant sur sa partie arrière pour fixer un éclairage.
On termine avec un nouveau jeu de direction doté de roulements à l’étanchéité renforcée. De l’aveu même des ingénieurs Canyon, le but ultime est de repousser autant que possible les échéances d’entretien à ce niveau. Lorsqu’on connait la complexité des vélos modernes lorsqu’il s’agit de démonter la direction, on ne peut que les féliciter.
CFR : CANYON FACTORY RACING
Comprenez que la gamme CFR représente le nec plus ultra en termes d’équipements disponibles sur le marché. Disponible en deux montages, avec groupes Sram Red ou Shimano Dura-Ace, c’est ce dernier que nous avons choisi pour équiper notre vélo d’essai tant la couleur Alpecin Deceuninck Replica (disponible uniquement avec le Dura-Ace Di2) nous a tapé dans l’œil.
C’est donc un groupe complet Shimano Dura-Ace R9250 à 12 vitesses et capteur de puissance qui prend place sur cette machine, le même groupe qu’utilise Mathieu van der Poel. Le montage du vélo est d’ailleurs très proche puisque seules les roues DT Swiss ARC 1100 Dicut diffèrent des Shimano Dura-Ace utilisées par Mathieu.
Avec un profil de 50 mm et une masse de tout juste 1400 grammes, ces roues permettent à l’Aeroad d’affronter tous les terrains. Un excellent choix car le montage de roues à profil plus haut aurait été au détriment des capacités du vélo sur des terrains vallonnés ou montagneux.
Les pneumatiques sont des Continental GP5000 STR en 25 mm à l’avant et 28 mm à l’arrière. Un choix de la part de Canyon qui vise à optimiser l’aérodynamisme et la réactivité du vélo. On applaudit !
Retrouvez toutes les informations sur ce vélo sur le site de la marque ici
LE CANYON AEROAD CFR 2025 SUR LA ROUTE
Cette quatrième génération de l’Aeroad n’est pas fondamentalement différente de la troisième génération. J’écrivais à l’époque que le vélo était « plus facile, plus rapide et plus confortable ». Que la seconde génération évidemment. Entre temps, certains concurrents étaient parvenus à proposer des machines encore plus faciles, l’Aeroad restant évidemment un pur vélo aérodynamique. Je peux écrire après un premier essai l’été dernier en Espagne, puis après avoir parcouru des centaines de kilomètres à ses commandes tout l’automne que ce nouvel Aeroad est définitivement une machine exploitable par tous. Coureurs surentrainés ou cyclos en manque de forme. Chacun pourra en profiter à sa manière, sans avoir à souffrir, que ce soit en termes de filtration des chocs (confort directement ressenti) ou dans sa capacité à évoluer à faible vitesse sur un parcours montagneux.
Oui, l’Aeroad s’emmène vraiment partout et tout le temps. De quoi se demander ce qu’il reste à l’Ultimate qui reste l’apanage de ceux à la recherche d’un vélo très léger. Mais c’est tout. Sur la route, l’Aeroad survole le débat et ne laisse aucune chance à son petit frère.
Même en montagne, il affiche une réactivité supérieure à l’Ultimate. Et jamais sa rigidité ne vient « casser » les jambes. Mains en haut au train ou mains en bas en relance, vous choisissez le pédalage qui vous convient et l’Aeroad s’y plie.
Grosse surprise concernant le train roulant composé des roues DT Swiss ARC 1100 Dicut et des pneus Continental GP 5000 STR. L’ensemble semble avoir été conçu autour de l’Aeroad. Ou l’Aeroad semble avoir été conçu pour fonctionner de concert avec ces composants. Le tout forme un bloc qui travaille efficacement pour effacer la difficulté en provenance de la route : pente, mauvais asphalte, descente… Une efficacité remarquable. Peu de machines m’ont laissé une telle impression avec des jantes de 50 mm de haut en haute montagne.
Si vous vous posez la question, nul besoin de faire évoluer le vélo vers un train roulant plus bas lorsque la route s’élève.
Tout ne peut être évidemment positif, (sinon la perfection serait atteinte) en cas de vent latéral Canyon ne parvient pas au miracle d’offrir un contrôle total. Il reste un vélo très aérodynamique avec une prise au vent importante, dans ce cas de figure.
DES QUALITÉS EXTRAORDINAIRES
À un tarif défiant toute concurrence.
Tout juste 10000 euros pour bénéficier d’un des meilleurs vélos de la planète. C’est ce que propose Canyon avec ce nouveau cru de l’Aeroad qui bénéficie du meilleur équipement du marché et d’un comportement routier de haute voltige. Un vélo sans aucune concurrence à ce tarif !