Nouvelle ère
Le lancement du déjà mythique C64 avait eu lieu à Lanzarote, dans les Îles Canaries. Ernesto Colnago s’était déplacé, comme toujours, et agrémentait notre press camp avec ses anecdotes et sa prestance inoubliable.
Pour le baptême du C68, premier né de l’ère nouvelle, l’atmosphère n’aura pas vraiment été la même. Oublié le cérémonial saisissant, le romantisme italien, place à l’efficacité.
C’est directement au siège Colnago de Cambiago que nous avons récupéré ce C68, quelques semaines avant son lancement officiel. Une visite dans un lieu que nous connaissons bien mais qui a changé depuis la cession de l’entreprise et le départ du Maestro.
Exit les centaines de maillots et de photos accrochés aux murs, exit le musée « familial » et l’ambiance bon enfant qui régnait. Relégué au rang des souvenirs mélancoliques le café amer offert inévitablement par Ernesto en personne.
Désormais tout est différent et le premier vélo de cette nouvelle ère est le C68. Le premier vélo conçu sans les idées et la supervision d’Ernesto, qui considérait ses ingénieurs et ses techniciens tout à la fois comme ses enfants et comme une extension de lui-même.
À l’instar de Ferrari, avec qui elle a longtemps collaboré, la société Colnago est d’abord et surtout l’œuvre d’un homme seul. Créateur d’un univers à nul autre pareil, inventeur et précurseur, révolutionnaire et métaphysique, démiurge et génial.
Mais à l’instar de Ferrari justement, Colnago est un mythe éternel. Un mythe qui peut et doit survivre à la disparition ou au départ de son créateur.
Si le C64 aura été l’ultime rêve d’Ernesto, comme la F40 l’ultime rêve d’Enzo, il n’y a pas d’alternative pour les nouveaux patrons de Cambiago. Il faut poursuivre sinon le rêve, du moins l’avancée technologique. Et ceci dans le respect des fondamentaux de la marque. Car il est évident que l’achat d’un Colnago, a fortiori d’un modèle « C », n’a rien du geste anodin de l’achat de n’importe quel autre vélo au monde.
Se porter acquéreur d’un Colnago C revient à s’offrir l’Histoire et le Futur.
UN VRAI COLNAGO ?
C’est la question qui vient immédiatement à l’esprit face au C68. Une question existentielle qui en appelle d’autres…
Mais qu’est-ce qu’un vrai Colnago ? Y a-t-il de vrais ou de faux Colnago ?
Nous avons posé la question à deux spécialistes en la matière, vous découvrirez leur avis dans une prochaine vidéo.
Quelque chose de moins sensible, moins ostentatoire que sur ses prédécesseurs, mais en observant le C68, on finit par cerner son âme. À mon avis, il mérite bien le légendaire nom apposé sur son tube diagonal.
COLNAGO C68
Campagnolo SUPER RECORD EPS
- Ajoutez le son ici
CAMPAGNOLO BORA WTO 45 MM
PIRELLI PZERO 28MM
COLNAGO CC.01
PROLOGO
7,4 kg (sans pédales)
17 299€
UN CADRE QUI N'EST PLUS VRAIMENT "À RACCORDS"
C’est une première dans la lignée des Colnago « C », le C68 n’est plus un cadre à raccords !
Enfin à proprement parler. Souhaité comme un vélo bénéficiant d’un dessin épuré, d’une intégration totale et d’une modernité flagrante, il a réclamé deux années de travail, d’études et d’essais.
Un choix librement justifié par les ingénieurs de la marque au trèfle, arguant que cette structure modulaire offre une capacité de maîtrise du comportement qui correspond parfaitement aux attentes des clients.
Grande nouveauté, le tube de selle ne fait qu’un avec le boîtier de pédalier. Le tube supérieur bénéficie de deux parties, l’une reliée à la douille de direction et l’autre au tube de selle.
Le serrage de la tige de selle est intégré, mais migre sur la partie haute du tube supérieur.
« Nous avons l’âme des champions, en nous la fierté de milliers de victoires. Nous avons la passion des artisans.
L’héritage de la beauté italienne, les détails et le manuel nous inspirent. Nous ne luttons pas pour quelque chose d’autre que l’excellence.
Ernesto Colnago a créé des vélos pionniers et supérieurs, nous conservons sa maîtrise et son soin, cultivant une combinaison délicate d’élégance et de séduction, nous créons les vélos et les expériences les plus prestigieux et à couper le souffle.
Colnago offre le goût de l’exclusif. »
DES COMPOSANTS DÉDIÉS
Avec le C68, Colnago dévoile un poste de pilotage inédit. Entièrement en carbone, monobloc, le CC.01 fait évidemment passer toute la câblerie en interne. Sa masse de 310 grammes le rend plus léger que la plupart de ses concurrents, ce qui n’est pas négligeable.
Enfin, la marque italienne qui souhaite démocratiser l’utilisation et le montage de postes de pilotage monoblocs a compris que cela passait par une large gamme de mesures.
Donc pas moins de 16 combinaisons disponibles, avec des longueurs de potences de 80 à 140 mm et des largeurs de cintres de 370 à 430 mm (centre-centre).
Développé pour le C68, le CC.01 est compatible avec le V3RS et le C64.
Un cockpit qui contient un multi-outil au-dessus de l’extendeur. Bien vu de la part de Colnago !
Évidemment, le C68 est compatible avec tous les cintres du marché d’un diamètre de 31,8 mm dotés de passages de câblerie en interne. La potence sera alors une Deda Elementi Superbox.
Côté roulements, tous les C68 sont fournis avec des roulements de pédalier et de direction Ceramic Speed SLT (Solid Lubrification Technology). Des roulements garantis à vie conçus pour simplifier la maintenance sur le long terme. En effet, sachant que le changement de roulements de jeux de direction réclame au moins 1 h 30 de travail sur un vélo à câblerie intégrée, le jeu en vaut la chandelle !
MONTAGE À LA CARTE SUR LE SITE COLNAGO
C’est une grande première, Colnago ouvre la personnalisation et la commande sur son site internet !
Un configurateur qui permet de personnaliser entièrement son cadre tant sur le choix des coloris que du montage.
Le choix d’une couleur personnalisée (en dehors des couleurs standard) est facturé 1 200 euros. Il est ainsi possible de modifier toutes les couleurs du cadre et des inscriptions, de quoi obtenir un C68 unique !
Évidemment, pour les réfractaires au classicisme italien, il sera possible d’équiper le C68 d’un groupe Shimano ou Sram.
INÉDIT BOÎTIER T47
Au premier abord, Colnago a conservé le même système de boîtier de pédalier que sur le C64. Il est vrai, l’usage de cuvettes en aluminium vissées au cadre, qui accueillent elles-mêmes les cuvettes Press-Fit du pédalier, est très fiable et rigide.
Pour le C68, Colnago a amélioré ce système en le dotant d’un diamètre de 47 mm au lieu des traditionnels 45 mm.
DISPARITION DU SUR-MESURE
Le sur-mesure, véritable mythe, disparaît ! Une fin en soi ?
Pas du tout selon la marque, qui nous explique qu’en réalité un nombre très minime de C64 ont été mis sur le marché avec une géométrie personnalisée. Un faux problème donc, qui demandait des techniques de fabrications spécifiques dont Colnago s’est passé sur le C68.
LE COLNAGO C68 SUR LA ROUTE
Censé être plus confortable que le C64 qu’il remplace, le C68 donne des sensations très différentes.
Là où le C64 se comportait comme un scalpel, prêt à en découdre à la moindre occasion, le C68 paraît plus posé, plus calme et plus costaud aussi.
Un comportement plus subtil à apprivoiser et à juger.
On lui découvre d’autres qualités, inattendues pour un Colnago de cette trempe, qui laissent présager de belles choses avec la future version Allroad (qui acceptera des gommes plus larges).
C’est bien le travail sur le lay-up du cadre qui a évolué et permet ce très net gain.
Et formidable c’est peu dire pour parler des capacités du C68 en descente !
Si lors de sa sortie le C64 s’établissait dans les références du segment, quatre années plus tard, le C68 redéfinit le tableau des références en descente.
La rigidité de l’avant a nettement progressé, c’est notamment cette caractéristique qui permet ce bond en avant.
Je ne pourrais donc pas écrire qu’il s’établit en référence dans les ascensions ou sur le plat.
C’est surtout le train roulant qui modifiera le comportement et les capacités du vélo.
En effet, si certaines machines s’accommodent de pratiquement n’importe quelles roues, le Colnago C68 est plutôt sensible au choix de celles-ci.
Notre vélo d’essai est équipé de Campagnolo Bora WTO 45 mm. Des roues qui lui conviennent parfaitement sur le plat où le vélo est capable de rouler vite et de relancer. Rien d’exceptionnel, pratiquement tous les vélos haut de gamme en sont capables.
Je parle en ressenti, car la vitesse augmente évidemment. Dans cet exercice, le montage de Bora WTO 33 mm a énormément fait évoluer ce ressenti. Plus de facilité, plus de sensations et toujours une belle mise en vitesse. L’équation gagnante et une nette préférence pour ce montage.
Le C68 se transforme alors en grimpeur capable d’escalader n’importe quel col.
NOUVELLE IDENTITÉ POUR COLNAGO
C’est comme si Colnago entrait de plain-pied dans le quatrième millénaire.
Le passage dans le troisième millénaire s’était fait avec l’arrivée du C50, qui faisait entrer le carbone dans une nouvelle ère après le C40 qui était en fait le premier carbone « moderne ».
Avec le C68, Colnago parvient à donner un certain coup de vieux (sur certains points) au C64 qui était proche de la perfection. Attention, le C68 n’est pas le vélo parfait, mais il se rapproche de l’archétype d’un Colnago parfait pour les cyclosportifs fortunés.
Une machine parfaitement aboutie, parfaitement réfléchie, dont la mise au point est certaine.
Un vélo qui gagne à être roulé, encore et encore pour cerner son comportement et pour l’apprécier. Là où le C64 se dévoilait dès les premières secondes, ce C68 cache le spectacle pour se dévoiler à qui sait l’utiliser.
Il donnera alors beaucoup d’émotions.