Comment tester un E-Road Bike pour l’amener dans ses derniers retranchements, comment en mesurer, ressentir sa valeur intrinsèque et l’apport de ses différents niveaux d’assistance si ce n’est de faire de l’extrême ?
Le Mont Ventoux est le juge de paix idéal et l’aventure a été de réaliser des ascensions sèches aux trois niveaux d’assistance et même sans assistance !
Des essais exclusifs riches d’enseignements avec cet E-Road Bike. Ce Cervélo Rouvida semble définir la ligne de rupture entre l’avant et l’après !
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L’E-Road Bike Rouvida a été développé dans l’idée de ne rien sacrifier à l’identité de Cervélo. Ainsi y retrouve-t-on des similitudes de famille avec le S5 ou l’Aspéro. Dans ses lignes on y lit un regard aéro, performant, racé. Il ressemble à s’y méprendre à un vélo à propulsion musculaire même si cela n’a pas été forcément une intention définie dans le cahier des charges au cours de sa conception.
La batterie – La nouvelle orientation verticale de la batterie de 430 Wh y a son importance et permet d’après la marque des gains en performance, tout comme en esthétique. Le contrôle de la puissance se fait sur le guidon très simplement par actions des pouces. C’est ce que Cervélo appelle le système Road Control.
Le panneau de contrôle – Sur le tube supérieur, un panneau indicateur de niveaux d’énergie et de puissance est extrêmement facile de lecture. Cinq leds indiquent 100% de l’énergie disponible lorsqu’elles sont toutes allumées. Leurs couleurs synchronisées blanc/vert/bleu/violet indiquent les niveaux d’assistance de 0 à 3 la puissance maximale.
Le moteur Fazua Ride 60 – Il délivre un couple de 60 Nm et a été développé pour être souple, puissant et avec un pédalage aussi naturel qu’un vélo analogique. Le moteur Fazua Ride 60 se veut en symbiose avec vos muscles tout en leur apportant un punch certain selon Cervélo.
Reconfigurabilité route ou gravel – Par un astucieux système de changement d’inserts à l’avant et à l’arrière du vélo, l’E-Road Bike Cervélo Rouvida peut se transformer très simplement en E-Gravel Bike (cette seconde configuration n’a pas été testée dans cet essai). Dans ce second cas, il faut tout de même noter la nécessité de reconfiguration logicielle auprès d’un revendeur agréé pour bénéficier d’une cartographie adaptée au type de parcours.
Les types et la stratégie d’essais mises en place ont pour objectif d’interroger les performances possibles avec cet E-Road Bike proposé par Cervélo. Pour chaque niveau d’assistance et même sans assistance électrique, une montée sèche du Mont Ventoux avec un cycliste à 95% de sa capacité maximale a été entreprise. L’ordre des essais a été le suivant pour préserver la fraîcheur physique musculaire : niveau 3 / niveau 0 / 2 jours de repos / niveau 2 / niveau 1.
De plus les pédales Look X-Track Dual ont été employées pour des mesures précises de puissances instantanées et moyennes, ainsi que pour des données de cadences. Une ceinture cardio a aussi contribué à connaître le plus précisément possible le niveau d’effort du cycliste essayeur. Toutes les données ont été mises en forme avec l’application du GPS Solaire COROS DURA pour une lecture et comparaisons aisées.
Assistance niveau violet – Le plus facile des essais menés sur les pentes du Géant de Provence, le résultat en était prévisible : moins d’une heure ! 56 minutes et 47 secondes exactement au final. La batterie était chargée à 100% évidemment au départ du kilomètre zéro de cette ascension mythique.
Sur les trois segments principaux, les check-points étaient annonciateurs de la performance en cours. 13 minutes 40 secondes pour parcourir les 5,5 km à 4% du km 0 au virage Saint Estève, pas fulgurant non plus et en rapport avec le bridage à 25km/h maximum. À cet instant je me suis dis que c’est surtout sur le deuxième segment du virage Saint Estève au Chalet Reynard qu’un gain de temps significatif allait se faire. Dans les faits : 27 minutes pour gravir cette portion aux pourcentages radicaux. Puis dernière partie, 6 km seulement pour atteindre le sommet. Le calcul est vite fait, en général en tenant 12km/h moyen il faut 30 min. À 24km/h, il faudrait 15 minutes… Verdict : 16 min.
Au final, un temps canon de 56 minutes et 47 secondes soit à peu de choses près le chrono d’Iban Mayo en 2004. Bluffant… pour la performance du coureur cycliste basque et de cet E-Road Bike Cervélo Rouvida !
Question batterie, bien qu’en puissance maximale les leds de niveau se sont éteintes bien plus tard que pensé. C’est après 8 km et 21min à la Citerne qu’un cinquième de la batterie a été consommé, deux cinquièmes après 13 km et 32 min, trois cinquièmes après 17 km et 46 min. Au sommet il restait deux cinquièmes d’affichés mais il ne faisait nul doute qu’il en restait bientôt plus qu’un cinquième. Ce qui s’est vérifié en peu de km au retour à Bédoin.
Intéressant est aussi l’effet du bridage à 25 km/h. J’ai noté une vitesse maximale avec assistance à 23 km/h pour une pente de 8% et à 19-20 km/h à 11% de pente.
Sans assistance électrique – Cet essai a été le second pour ménager ma fraicheur physique dans l’enchaînement. Je dois avouer ma grande excitation (et crainte) à l’idée de ce défi. 20 minutes de plus que mon temps classique était espéré, soit un peu moins de 2h pour emmener ce vélo de 12 kg environ sans pédales et autres éléments additionnels.
J’ai pris le départ plus tôt que prévu tellement les jambes fourmillaient ! Niveau d’adrénaline pour ce niveau d’assistance à 0% : 200 % ! Dès les premiers kilomètres une nouvelle inquiétude, un vent non négligeable et contraignant était plus présent que la veille. Qu’en serait-il au sommet… si je l’atteins ! Etonnement : 18 min 43 s pour atteindre le virage Saint Estève soit 2 minutes seulement de retard sur une ascension classique.
Ok, mais l’épée de Damoclès c’est le segment 2 de ce virage au Chalet Reynard 9,5km à 9% moyen ! Et pourtant réalisé en 51 minutes et 18 secondes ! Au fur et à mesure de ma progression, je constate que je ne suis pas si handicapé par ce vélo, ni par sa masse de 4-5kg plus élevée que d’habitude ni par son comportement inhabituel. Et finalement, en danseuse il se relance même pas mal, je commence à m’y habituer, à trouver la technique.
Arrivé au Chalet Reynard, c’est l’euphorie déjà je suis bien j’ai les jambes, je vais m’emmener vers un chrono inespéré ! Le vent n’aura pas tant joué les trouble-fêtes, et je vois le sommet arriver en dépassant comme dans toute l’ascension de nombreux cyclistes… Je m’excusais en full power en signalant que j’étais en assistance électrique, là j’expliquais en doublant vélo électrique sans assistance activée. J’ai mon mérite, ce vélo certainement aussi !
1h39 et 25 secondes soit 10 petites minutes supplémentaires de mon temps d’ascension estimé en rapport avec un chrono une semaine plus tôt avec le Cervélo Calédonia 5. Je tombe des nues, bien entendu j’ai une certaine forme mais comment cela est-il possible si ce n’est que quelque part ce vélo a une géométrie, un comportement, un équilibre qui le rendent des plus respectables. Cervélo, chapeau !
Assistance niveau bleu – Après deux jours de repos, j’ai engagé cet essai. Compte tenu des précédentes ascensions, en niveau trois pleine puissance puis sans assistance, j’ai pronostiqué 1h15. Complètement à côté ! Du km 0 au virage Saint Estève évidemment le chrono était quasiment le même, prévisible. Par contre, je pensais perdre bien plus de temps sur le segment hardcore du Mont Ventoux et finalement non ! Après analyses des données, et même dans l’effort j’avais compris que j’allais compenser un peu l’assistance plus réduite mais pas à ce point. Au Chalet Reynard, même chronomètre, tout comme au sommet à quelques dizaines de secondes prêt non significatives.
Ainsi le temps d’ascension par la mythique montée par Bédoin est encore une fois au niveau des meilleurs cyclistes professionnelles de la Planète et de tous les temps !
La batterie a été moins sollicitée et mes notes sur l’ascension étaient déjà concordantes. Une première partie sur cinq s’en est allée après 23min et 9km, une seconde après 40min et 14,5km et c’est au Col des Tempêtes après 55min et 20km que celle-ci s’est éteinte.
Assistance niveau vert – Dernier des essais sur l’ascension du Mont Ventoux par Bédoin, j’étais alors plein d’interrogations et perdu après l’essai avec assistance électrique niveau deux. Pas de pronostic cette fois-ci. À noter un vent contraire plus accentué ce jour d’essai, impactant dans une certaine mesure la performance mais sans que ce soit tant significatif pour l’analyse.
Je me suis élancé du km 0 une nouvelle et dernière fois avec ce Cervélo Rouvida pour atteindre le virage Saint Estève en une quinzaine de minutes, c’est moins tonitruant et je suis partie assez prenante dans l’effort. Les tous premiers kilomètres suivants étaient sans appel, cette fois-ci ce ne sera pas un chrono stratosphérique. Arrivé au Chalet Reynard en 52 min, cela fait 12 minutes de retard. Soit au mieux 1h08 si je devais parcourir les 6 derniers kilomètres plus faciles à la même allure qu’en niveau 3 et 2. Là aussi j’ai perdu du temps pour finir avec un chronomètre de 1h15. Encore une fois, un vent certain était là pour ne pas me faciliter la tâche finale. Au niveau 1 cela fait quand même 24 minutes de mieux que sans assistance avec cet E-Road Bike. Mon estimation dans les conditions du jour de mon temps d’ascension avec un vélo classique est de 1h35. C’est 20 minutes de mieux, pas mal quand même !
La batterie a constitué une réelle surprise ! J’ai attendu longtemps pour en voir un premier niveau d’énergie à disposition disparaître ! 42 minutes exactement pour 16km parcourus, c’est long quand on scrute pour avoir une donnée à ne pas manquer. Enfin la deuxième led s’est éteinte peu de temps en rentrant au village, disons qu’il n’en restait pas grand chose au sommet. Ma réflexion fut qu’ainsi il m’en restait pas mal à disposition pour poursuivre un parcours.
La batterie rechargée à 100%, cet essai a consisté à faire de la longue distance sur un terrain valloné l’assistance électrique à son maximum jusqu’à épuisement complet. Il est toujours intéressant d’avoir de vrais données de retour d’expériences, qui peuvent se révéler dans le bon sens ou le mauvais sens… très surprenantes.
Le tour du Ventoux dans le sens horaire est un “circuit” connu avec 102km et 1400m de dénivelé positif. La question était de savoir à quelle vitesse moyenne celui-ci se parcourirait-il, avec quel niveau de consommation de la batterie, et enfin avec quels ressentis.
Parti par plus de trente degrés Celsius en cette période estivale, je me doutais que les phases les plus critiques – les ascensions – n’en seraient pas vraiment. En effet l’effort est bien moindre, l’engagement physique très réduit surtout quand la pente s’élève au delà de 6% et que le moteur, calé entre 19 et 24 km/h sur ces segments, fait une grande partie du travail. D’ailleurs il y a toujours ces segments en fin de parcours que je redoute systématiquement à leurs approches. Avec l’E-Road Bike Cervélo Rouvida c’est bien différent, l’engagement est bien moindre et un rictus s’affiche même aux coins des lèvres.
À noter que l’effort et le coup de pédale sont plus continus, lissés sur tout l’ensemble du parcours. C’est certainement bien moins traumatisant et intéressant pour un usage de récupération ou encore pour un travail particulier de la puissance.
La batterie s’est entamée sur le parcours comme suit :
Et c’est tout ! Même si la troisième barre n’était évidemment plus à considérer comme entière, c’est impressionnant ! La sortie s’est de plus soldée par une vitesse moyenne de 31,7 km/h.
On pourrait alors penser que ce Cervélo Rouvida permettrait de s’insérer dans n’importe quel groupe de coursiers à l’entraînement sur la base de cette seule valeur. Or on progresse bien plus vite sur les portions ascensionnelles et cela est d’autant plus vrai que la pente est sévère par rapport à un cycliste à propulsion 100% musculaire. Mais sur le plat ou dans les pentes à faible pourcentage on serait bien plus en difficulté pour suivre, surtout si on manque de puissance. Pourtant cet E-Road Bike Cervélo Rouvida avance quand même très bien au delà du bridage à 25km/h sur le plat ou même en descente, pour preuve ma vitesse maximale de 61km/h sur ce tour.
Un tour complémentaire était donc nécessaire pour amener la batterie à l’épuisement. Très souvent pour nos appareils électroniques, il nous semble que 20% restants c’est bien moins en réalité. J’avais donc estimé faire encore 60km et 800m de dénivelé positif. C’est finalement 76 km en 2h20 et 1015m de dénivelé positif encore une fois à exactement 31,7km/h de vitesse moyenne qui m’ont ôté une idée qui devenait prégnante : il est increvable ce vélo !
Vitesse maximale de 58km/h cette fois-ci sans forcément chercher à faire une pointe dans les descentes mais le ressenti d’un vélo bien agréable à piloter en déclivité sinueuse s’est renouvelé.
Pour la petite histoire, j’ai rallié mon domicile en 7km et 25minutes avec 220m de dénivelé positif. Même sans assistance électrique, ce Cervélo Rouvida ne laisse pas son propriétaire planté.
Cet E-Road Bike pourrait-il être fait pour vous ? C’est possible ! Il pourrait même aussi être fait pour moi, mais plus tard et pas dans mon état de forme et de jeunesse relative la quarantaine actuellement. À moins qu’un cycliste grimpeur de top niveau me propose de l’accompagner en dessous de 1h30 l’ascension, ou un client à ce niveau de performance dans mon activité parallèle de guide cycliste privé Mont Ventoux Road Captain.
Si vous êtes en manque de puissance, cet E-Road Bike pourrait très bien vous accompagner en douceur vers du renforcement musculaire sans pour autant trop souffrir. Par le choix du niveau d’assistance, on définit soit même le niveau de charge restant à son compte, le vélo est loin d’avancer tout seul !
Le bridage présente une contrariété dans certaines situations, on se trouve limité technologiquement. Dans mon ascension niveau 3 – Full Power, j’aurais aimé avancer davantage sur les pourcentages inférieurs à 6% au moins. Les chronos établis aurait été tous autres et il restait un cinquième de la batterie pour cette envie.
Le vélo n’est pas une passion que nous avons mais une passion qui nous possède pour tout le temps de notre existence. À plus de la soixantaine j’imagine le bonheur que cet E-Road Bike Cervélo doit procurer tout en maintenant une forme physique, une santé corporelle et psychique. Si le vélo à propulsion musculaire est mon présent, l’E-Road Bike pourrait bien être de mon avenir et ce Cervélo Rouvida en a bien des atouts pour séduire dans de nombreux et différents usages !
Tous les montages sont disponibles en tailles S, M, L et XL et avec la gamme de transmissions SRAM pour la version Route, Shimano GRX pour la version Gravel.
Ainsi, on retrouve les configurations suivantes :
– RED XPLR AXS 1 au tarif de 11999 euros
– FORCE XPLR AXS 1 au tarif de 9999 euros
– RIVAL XPLR AXS 1 au tarif de 7999 euros
– GRX RX610 GRAVEL au tarif de 6499 euros
