Colnago C40

Premier vélo de course carbone de l’histoire à s’imposer dans Paris Roubaix, le Colnago C40 est devenu tout à la fois objet de culte et marqueur de mémoire. Pour Ernesto Colnago, mis en garde par une majorité de journalistes et de sponsors, il s’agissait d’un incroyable pari technologique et sportif. En cas de victoire il entrait vivant dans l’histoire. En cas de défaite c’était la fin face aux multinationales anglo-saxonnes qui déjà faisaient irruption au plus haut niveau.

Par Salvatore Lombardo
le 13 avril 2021

Anatomie d’un chef d’œuvre

« Tout le monde m’avait mis en garde. Le Carbone dans Paris Roubaix c’était n’importe quoi. Jamais mon nouveau cadre ne résisterait aux contraintes effroyables des pavés du Nord. La veille au soir le Commendatore Giorgio Squinzi, boss de la Mapei, m’avait appelé pour me mettre en garde. J’étais dos au mur. Je ne pouvais plus reculer. Mes C40 pourraient-ils résister aux pavés ? Moi j’en étais persuadé. Même si Roubaix c’est Roubaix. Avec des passages pavés effroyables qui avaient déjà poussé à la rupture nombre de vélos acier ou alu. Alors le carbone… La sécurité aurait été de conseiller à mes coureurs d’utiliser plutôt un acier ou un titane. Mais moi j’étais certain que le carbone c’était déjà l’avenir. Mais ma certitude n’était rien lorsque je songeais à la tranchée de Wallers Aremberg.»

Ernesto Colnago se souvient encore parfaitement de ce 9 avril 1995. Et de son angoisse devant la télévision où il regardait en famille le déroulement d’une course qui aurait pu sonner le glas du mythe Colnago. Conçu avec la collaboration des ingénieurs F1 de Ferrari, son C40 était l’héritier direct du C35 Ferrari de 1989. Un objet d’art arrogant et novateur lui même dérivé du formidable vélo de chrono aéro imaginé pour l’équipe nationale italienne victorieuse des 100 kilomètres contre la montre des JO de Los Angeles de 1984.

Mais près de dix années après les premières apparitions, aucun vélo carbone ne s’était jamais risqué sur les pavés du Nord.
Géométrie désormais proche de celle du légendaire Master acier, fourche droite et ensemble de composants signés Shimano, le C40 Mapei impressionnait. Tout en laissant dubitatif les spécialistes. A commencer par Patrick Lefevere, le directeur sportif de la surpuissante Mapei, qui ne manifestait certes pas son optimisme en voyant ses champions prendre le départ sur un cadre performant, mais indubitablement non éprouvé sur ce type de parcours.

Les cinq années suivantes, ce même C40 s’imposera encore à quatre reprises sur Paris Roubaix. Et il s’illustrera sur tous les fronts du cyclisme mondial avec notamment deux titres mondiaux décrochés en 1996 à Lugano par Museeuw et en 1998 à Valkenburg par Camenzind.
Dans son fabuleux musée personnel, Ernesto Colnago expose encore le C40 boueux victorieux du Paris Roubaix 1998 avec le même regretté Ballerini.
Un geste de dévotion à un champion qu’il appréciait. Un marqueur de mémoire aussi. Pour un vélo légendaire, précurseur exceptionnel de l’actuel C64. Ultime chef d’œuvre personnel revendiqué par un homme qui sut écrire seul chaque chapitre de sa glorieuse saga.

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